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Parc de la Ligue Arabe - CASABLANCA

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Maitrise d’ouvrage - casa aménagement

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Surface - 35ha

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Montant travaux -  100 M dhs

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Equipe - ID Paysage                          

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Etudes - 2015-2016

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Réalisation - 2016-2019

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Le système de places et parcs, une transplantation de Nancy à Casablanca

Au début du XXe siècle, l'oued Bouskoura arrivait encore jusqu'à son embouchure près de Casa-port, longeant alors le rempart de la médina pour se jeter devant le Marabout de Sidi Belyout. Son tracé permettra à Henri Prost (architecte mis en place par JCN Forestier pour s’occuper des plans de ville) de proposer son parti de ville dissymétrique avec à l’Est de l’Oued la ville dure, dense sur le terrain rocheux et à l’Ouest de l’Oued, la ville fertile, la cité jardin sur la terre arable. Ce tracé deviendra la colonne vertébrale de la ville et Henri Prost reliera ses deux parties en installant un système de places et de parcs : la rambla (la cannebière) du 4eZouave relie le port à la place de France et constitue l’entrée de la ville depuis la mer ; l’avenue Hassan II avec ses larges galeries relie la place de France (place de grève, place gare routière) à la Grand Place (place administrative) ; puis l’avenue Hassan II longe le parc Lyautey (parc pépinière). Cette composition d’entrée de ville rappelle largement la composition du cœur de Nancy que Lyautey apprécié tant.

 

Les expérimentations de Casablanca 

Arrivé en 1913, Henri Prost entend poursuivre au Maroc la réflexion générale que lui-même et ses compatriotes (Jean Claude Nicolas Forestier, Léon Jaussely, Tony Garnier, Eugène Hénard, Donat-Alfred Agache) ont entamée depuis le début du siècle sur l’aménagement et le développement des villes. Il a l’intention d’expérimenter sur le terrain, toutes les recommandations formulées par la Section d’hygiène urbaine et rurale du Musée Social, notamment  la mise en place d’un « système de parcs », cher à JCN Forestier, afin de mettre en réseau l’ensemble des futurs espaces publiques de la ville.

 

Le réseau radial

Constitués progressivement à partir de 1915, les espaces publics s’installent en un chapelet de places et de parcs le long du tracé de l’Oued Bouskoura afin de créer ces agrafes entre la ville dense et la cité jardin. Imaginant l’évolution du tissu urbain, Henri Prost propose sur son plan d’aménagement la construction du parc Lyautey aux abords de la Grand Place, l’installation du parc hospitalier (1920, Bousquet, 50ha) en liaison directe avec le boulevard circulaire, la réalisation du square Murdoch en liaison avec le lycée Lyautey (1922, Bousquet, 4ha) et la constitution d’une pépinière en bordure du tissu urbain existant le parc de l’Ermitage (18ha). L’ensemble forme le début d’un système de parcs voué à se prolonger et à suivre l’évolution de la ville.

 

Le Parc Central 

(puis Parc Lyautey, puis Parc de la Ligue Arabe, 1916-1919, 35ha) – en analogie à Nancy avec le parc de la Pépinière (1765-1772, 22ha)

Dessiné par Albert Laprade (architecte adjoint de Prost) en 1915, le parc central est fortement inspiré du parc de la Pépinière à Nancy.

Le parc de la Pépinière doit son nom et son plan en damier à sa fonction initiale : celle de pépinière royale, c'est-à-dire de réserve arboricole fondée par Stanislas Leszczyński en 1765 afin de fournir en arbres les routes lorraines et les avenues de Nancy. Malgré sa transformation en parc et son ouverture au public en 1835, l'aménagement en seize carrés de cultures a été conservé, et on le retrouve encore aujourd'hui en observant le tracé perpendiculaire de ses allées. Implanté de manière tangentielle à la place de la Carrière, ce parc se trouve au cœur de la ville et relie l’ancienne cité à la ville neuve du côté Meurthe à l’image du parc de la Ligue Arabe reliant lui aussi deux quartiers singuliers (la ville dense et la cité jardin). On notera que le parc de la Pépinière fut réaménagé pour son ouverture au public avec l’apparition de secteurs traités en parc à l’anglaise, disposition que nous retrouverons à Casablanca dans ce vocabulaire mixte de parc à la française avec son axe central et ces bosquets rectangulaires accompagnés de part et d’autre par des zones en parc à l’anglaise. Une autre analogie perceptible est le fait que dans les deux parcs, la vue est traversante : les haies sont taillées à un mètre et la vue des promeneurs filent de part en part sur la profondeur du parc. Cet effet d’immersion dans la nature tout en restant en contact avec la vie urbaine sera accentuée à Casablanca par l’installation d’arbres à grand développement sur le pourtour du parc masquant la vue sur les façades longeant le parc. Le promeneur est noyé dans le végétal tout en participant à la vie sur les avenues.  

Le parc de la Pépinière à Nancy n’est pas la seule référence utilisée lors de sa conception, le jardin du Luxembourg à Paris, dessiné en 1612 par Jacques Boyceau, remanié en 1635 par André Le Nôtre et finalisé au début du XIXe siècle par Jean François-Thérèse Chalgrin avec l’avenue de l’Observatoire est la deuxième référence ayant dirigé sa conception. En effet, les emprunts y sont nombreux : on y retrouve le dessin des Quinconces et le prolongement sous forme de parkway qui se dirige vers le quartier Palmier afin d’accentuer la perspective vers le Sud en analogie avec l’avenue de l’Observatoire.

 

Largement défiguré et réduit par la mise en place d’équipements « squatteurs », le parc retrouve aujourd’hui sa forme et sa taille originelle dans un réaménagement mettant en valeur son axe central historique et des bosquets périphériques traités de manière contemporaine. Les anciennes fontaines dessinées par Laprade sont remises en valeur, les alignements de Palmiers (Washingtonia robusta et Phoenix canariensis) sont complétés ainsi que ceux de Ficus (Ficus benjamina), un vaste bassin rond met en valeur le fond de perspective tandis que de nombreux équipements sportifs et jeux sont installés en périphérie, l’ensemble redonnant sa cohérence à un parc longtemps abandonné à son sort.

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