Musée d'archéologie - RABAT
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Maitrise d’ouvrage - AGENCE
DU BOUREGREG
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Surface - 5 ha
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Montant travaux - 30 M Dirhams
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Equipe - GROUPE 3
(Skander AMINE et Omar TIJANI)
– BROCHET LAJUS PEYO
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Etudes - 2015
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Réalisation -
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Crédit photo -
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Un jardin paléobotanique
De l'homme habile à l'homme dressé - Un voyage dans le temps
La séparation entre la lignée humaine (hominidés) et la lignée de singes (panidés) a eu lieu il y a 8 millions d’années. Une hypothèse possible de cette séparation est la théorie de l'East Side Story. L'Afrique, berceau de l'humanité abritait l'ancêtre commun aux singes et aux préhumains. Suite à des bouleversements, il y eut une séparation du continent: l'est étant plus humide et riche en forets aurait été l'environnement d'évolution des singes, l'ouest devenu savane aurait donnée naissance à la lignée des hominidés. C'est notamment la bipédie qui caractérise la lignée humaine.
Le climat se réchauffe au pléistocène inférieur (entre 2 et 1 Ma) et voit la généralisation de la savane sèche. Les australopithèques, incapables de s’adapter à un milieu plus sec et plus frais disparaissent il y a 1Ma.
L’Homo habilis, « l’homme habile », apparaît. C’est une des premières espèces du genre Homo qui vivait il y a approximativement 2,5 à 1,8 million d’années en Afrique du nord, orientale et australe.
L’Homo habilis maîtrise parfaitement la bipédie permanente, même si celle-ci n'apparaît pas avec lui. Elle est déjà présente chez Australopithecus. En revanche, ses membres postérieurs courts n’en faisaient pas un aussi grand marcheur que l’Homo erectus, apparu ultérieurement. L’Homo habilis est contemporain des plus anciennes industries de pierre taillée, nommées oldowayennes. Celles-ci comportent des objets simples taillés généralement sur une seule face pour confectionner un outil (galet aménagé) ou pour obtenir des éclatstranchants. Ces outils devaient lui permettre de découper des morceaux de viande ou de casser des os.
L’Homo erectus, « l'homme dressé », succède à l’Homo habilis. Devenu un véritable bipède vivant dans le nord du Kenya dont les fossiles remontent à 1.7 Ma, il fait franchir un grand bond à l’humanité. Bâti pour la marche, doué pour la chasse et possédant des capacités d’adaptation exceptionnelles. Ses déplacements vers le nord l’ont obligé à inventer et à perfectionner ses outils. A partir de l’Afrique, il va conquérir le nord. Il arrive en Europe il y a plus de 1 million d’années. L'Homo erectus suit les troupeaux qui lui fournissent de la viande. Ce formidable succès tient pour l’essentiel au développement de sa technologie, qui lui a permis l’accès à des environnements étrangers à ses terroirs d’origine : les savanes africaines. L’homme est en effet mal adapté aux environnements froids : il n’a pas une couche de graisse sous-cutanée, ni une épaisse fourrure, l’une et l’autre peu utiles sous les latitudes africaines.
L'Homo erectus fut le premier à parcourir l'Afrique du Sud et l’Afrique de l’Est. Entre 1 million d’années et 700 000 ans, ses descendants se répandirent à travers les continents, traversant l’Afrique et l'Eurasie pour conquérir de nouveaux territoires de chasses.
C'est l'Homo erectus qui domestiqua le feu, il y a 400 000 ans. Il est probable que des chasseurs plus curieux l'ont découvert un jour d'orage après un feu de forêt. En maîtrisant le feu, l'Homo erectus se donnait pour la première fois les moyens de maîtriser la nature et de changer sa façon de vivre. Il pouvait dorénavant se réchauffer et ne plus subir les rigueurs du climat, le feu de la flamme permettait d'éloigner les fauves et la chaleur permettait enfin de cuire les produits de leur chasse, rendant les aliments plus digestes.
Le feu permet aussi des rassemblements de la communauté donc le développement du langage.
L'homme enfin se projetait dans l'avenir. L’évolution de l’Homo erectus n'était pas encore achevée. Il est ainsi prouvé que la taille du cerveau des premiers représentants fossiles n’était pas supérieure à celle des anciens hominidés, son volume oscillant entre 750 et 800 cm3. Un million d’années plus tard, sa capacité crânienne atteignait 1100 à 1300 cm3, autant que celle de l’Homo sapiens qui lui succéda.
Les Homo erectus maîtrisaient la taille de la pierre (fabrication de bifaces symétriques et d'hachereaux). Ils s'établissaient en campement et pratiquaient la cueillette et la chasse. Avec les outils, il change de régime alimentaire. Les protéines sont un carburant pour le cerveau. Son cerveau grossit. La maîtrise du feu, permet de cuire sa nourriture, de se chauffer et de mettre en fuite ses ennemis. La lignée d'Homo erectus s'éteint il y a environ 30 000 ans, laissant pour descendant l’Homo sapiens.
Du paysage vertical au paysage horizontal - Un voyage dans les milieux
Nous proposons ici de retranscrire dans le paysage, ce jalon de l’histoire de l’Homme que fut le passage du milieu de la forêt vers la savane puis le marais. Dans le même temps du redressement du bipède vers la position verticale, son milieu passe du paysage vertical (la forêt) vers le paysage horizontal (la savane puis le marais).
Il s’agit ici d’évoquer cette évolution en faisant cheminer le visiteur de la forêt vers le marais en évoquant les périodes climatiques et géologiques qui ont imposées ces changements.
C’est aussi avec une vision botanique que nous retranscrirons l’évolution de la flore à travers la mise en valeur de plantes archaïques recomposant les différents milieux traversés.
La forêt – le milieu aérien
Apparu longtemps avant l’Homo, il y a 430 Ma, l’arbre va coloniser l’ensemble de la croute terrestre. La forêt constitue alors le milieu de naissance des ancêtres de l’Homo qui vont s’y adapter par une morphologie (membres préhensiles) leur permettant de se déplacer aisément au niveau de la canopée et de répondre à leurs différents besoins en hauteur à l’abri de leurs prédateurs. Leur vue se développe dans un même temps par l’adoption d’un appareil visuel adapté au relief, leur permettant d'avoir une vision binoculaire très large liée à la vie arboricole.
Nous installons une forêt archaïque composée d’Araucaria, Metasequoia et de Pins sur la face ouest du site, côté falaise. Les espèces proposées permettront aux visiteurs de prendre conscience du temps botanique par la relativisation de l’ère de l’Homo. Cette forêt constitue aussi un sas d’entrée au site masquant dans un premier temps l’étendue du parc. Ce couvert dense végétal transmet au visiteur une sensation de domination du végétal, installant alors un caractère humble : le visiteur se sent un peu écrasé par cette masse végétale. Ce passage est l’occasion de découvrir un monde ornithologique réfugié dans ce couvert tout en pouvant s’approcher de la canopée par une promenade aérienne.
La savane – le milieu terrestre
A la sortie de la forêt, le visiteur découvre l’immensité de la clairière. Il s’immisce dans la savane et ses herbes hautes à travers des chemins en béton de pierre. Un gradient des herbes les plus hautes côté forêt (Cortaderia selloana (Herbe de la Pampa), Panicum…) vers les herbes les plus basses côté marais (Triticum, Stipa…), lui font prendre conscience progressivement des dimensions réelles du site. Le visiteur a alors la sensation de changer de taille, retrouvant ainsi la progression d’un redressement de l’Homo au dessus du niveau des herbes.
Cette savane recomposée est l’occasion de découvrir la famille des Poaceae (graminées) et à travers elle les différentes céréales (Blé, Orge…) qui viendront composées un jour les premières espèces cultivées par l’homme.
Des bornes ponctuent la visite en apportant des informations d’ordre archéologique et géologique aux visiteurs.
Le feu – le milieu pyrophyte
La domestication du feu, il y a 400 000 ans par l’Homo erectus, est réinterprétée ici sous la forme d’un milieu pyrophyte (prairie du feu, prairie des éclairs) regroupant des espèces archaïques ayant besoin du feu telles que Melaleuca quinquenervia (Arbre de Fer), Sequoiadendron giganteum (Sequoia géant), Pinus halepensis (Pin d’Alep), Eucalyptus globulus, Quercus suber (Chêne liège),… Cette prairie retrace l’histoire de la maîtrise du feu en interpellant le visiteur sur la maîtrise des éclairs (installation de Walter de Maria) sous forme de piques en acier sur un sol en mulch de pierre noir, couleur charbon.
Le marais – le milieu aquatique
La visite aboutit au marais. Résurgence de la nappe phréatique, des mares sont implantées dans la partie Est du site.
Il est l’alibi pour évoquer la forme la plus aboutie d’habitation de cette ère, la cité lacustre. Elle projette le visiteur dans le monde du successeur de l’Homo erectus, l’Homo sapiens.
Retranscrivant les époques à venir, la « cité lacustre » est le musée d’archéologie réalisé en acier corten (évocation du passage de l’âge de pierre vers les âges du cuivre, du bronze et du fer). Elle accueille de manière naturelle les éléments de programmation dans un lieu bénéficiant d’une réelle fraîcheur.