Lycée d'excellence OCP - BENGUERIR
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Maitrise d’ouvrage - OCP
(Office Chérifiens des Phosphates)
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Surface - 7,5 ha
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Montant travaux - 25 M Dirhams
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Equipe - GROUPE 3
(Skander AMINE et Omar TIJANI)
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Etudes - 2011
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Réalisation -
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Crédit photo -
L’oasis – le carrefour de communication
Les oasis ont toujours joué un rôle important dans l'établissement des routes commerciales empruntées par les caravanes (transport de marchandises et de voyageurs/ pèlerins), qui y trouvaient de quoi se désaltérer et se restaurer. Ce ne furent donc pas des points isolés et perdus dans les déserts mais toujours de véritables carrefours et plaques tournantes.
Le mot « oasis » passe dans le langage commun pour désigner un espace réduit au milieu du désert rendu fertile par la présence d’eau.
Une oasis, dans sa définition archéologique, est un terroir créé par la main de l’homme et entretenu par l’introduction d’un système de gestion technique et sociale de la ressource en eau. Il s’agit en fait d’un espace mis en culture par l'irrigation (avec des seguias et canaux) et donc parfaitement artificiel. Cela implique une présence humaine et une oasis peut donc être définie comme l’association d’une agglomération humaine et d’une zone cultivée (souvent une palmeraie) en milieu désertique ou semi-désertique.
Une palmeraie d’oasis est un espace fortement anthropisé et irrigué qui supporte une agriculture classiquement intensive et en polyculture. L’oasis est intégrée à son environnement désertique par une association souvent étroite avec l’élevage transhumant des nomades (très souvent populations pastorales et sédentaires se distinguent nettement). Cependant, l'oasis s’émancipe du désert par une structure sociale et écosystémique toute particulière.
Répondant à des contraintes environnementales, c’est une agriculture intégrée qui est menée avec la superposition (dans sa forme typique) de deux ou trois strates créant ce que l'on appelle « l'effet oasis » :
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la première strate, la plus haute, est formée de palmiers dattiers (le palmier-dattier caractérise la plupart des oasis) et maintient la fraîcheur ;
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une strate intermédiaire comprend des arbres fruitiers (olivier, oranger, bananier, grenadier, pommier, etc.) ;
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la troisième strate, à l’ombre, de plantes basses (maraîchage, fourrage, céréales).
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Une autre constante de la structure oasienne est le travail en planches ou plaques de culture, une organisation de l’espace appropriée à l’irrigationpar inondation.
Cette structure oasienne est retranscrite dans le projet sous la forme de grandes plaques de niveaux multiples, au carrefour d’un paysage de restanques (paysage de muret en pierre formant des terrasses cultivées en fruitiers, maraichage,…), reproduisant les valeurs agricoles de ce territoire.
Un verger d’oliviers nappe de manière continue ces différentes plaques qui accueillent successivement champ de céréales (plantes fouragères et plantes alimentaires), maraîchage et terre mise à nue ou recouverte par endroit d’un mulch (paillage) minéral de pierres de calibres différents.
Le verger et les restanques débordent sur le futur parc linéaire accompagnant le boulevard et préfigurent le vocabulaire végétal et minéral de cet aménagement.
Les palmiers (Phoenix dactylifera) se lovent dans les espaces les plus calmes (hébergement et salle de classe), s’immisçant au cœur des placettes et patios, accompagnés au ras du sol de plantes potagères entretenues par les élèves.
Les canaux d’irrigation et les bassins de stockage – l’eau comme élément structurant ce jardin/paysage
Inspiré des systèmes ancestraux locaux de captage et distribution des eaux de ruissellement (khétaras, bassin d’accumulation, canaux) initiés il y a plus de 1000ans sur la plaine de Marrakech pour alimenter l’Agdal et la Ménara, le parcours de l’eau d’irrigation des parcelles plantées (placette, patios et champs de céréales) accompagne les circulations piétonnes du point haut (bassin de stockage en continuité de la piscine) vers le point bas (bassin d’agréement, fontaine à l’entrée du lycée), en acheminant successivement l’eau à travers canaux, seguias et bassins de distribution sur les placettes.
L’agora – le lieu des échanges
Installée au cœur du site, l’agora concentre les activités extra scolaires des étudiants, lieu de détente et de rencontre, il constitue le sas (vestibule) nécessaire entre vie étudiante dans les salles de cour et vie privée dans les hébergements. Maillon de la colonne d’équipements (administration, restauration, sport), l’agora libère la vue sur l’ensemble du site tout en devenant le point de convergence.
Un bosquet d’arbres de haute tige (Grevillea robusta), à l’architecture élancée, marque le site en hauteur (point de repère) tout en permettant son ombrage efficace.
Les cheminements – un enchevêtrement de plaques au dessin archaïque et monolithique
Réalisés en béton couleur terre, ces cheminements s’installent en continuité de matière avec la terre du site, donnant la sensation d’un pisé en plaque horizontale. La différence entre terre et béton se fait ainsi plus ténue et lui confère un caractère de lointaine intégration au site. Leur couleur et leur texture les assimilent aux murs en pisés qui protègent certains bâtiments.
Ces cheminements sont accompagnés des canaux d’irrigation, constitués eux aussi en béton couleur terre, formant une limite fictive entre espace publique (agora, administration, restauration, enseignement) et l’espace semi-privé (la médina d’hébergement des étudiants).
Passé ces canaux vers la médina, les cheminements reprennent des dimensions plus intimes et leur calepinage se régularise à l’image du jeu de cubes de la médina.
Les placettes de la médina se constituent à l’image des jardins des riads, d’une circulation périmétral mettant en valeur un espace central planté, accueillant un bassin d’arrosage. Ces espaces plantés (palmiers dattiers et plantes potagères) sont calés légèrement en contrebas de 45cm des cheminements afin de permettre aux étudiants de s’assoir sur l’ensemble du pourtour tout en intégrant le principe d’arrosage par immersion (inondation) de ces plantations, caractéristique des jardins arabes.