Historial de la Vendée - LES LUCS
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Maitrise d’ouvrage - CONSEIL GENERAL
DE CHARENTE
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Surface - 3 ha
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Montant travaux - 2 M Euros
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Equipe - PLAN 01
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Etudes - 2003 / 2004
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Réalisation - 2004 / 2005
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Crédit photo -
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Un bâtiment furtif
Le projet de l'Historial de la Vendée réside dans la rencontre entre un programme singulier, innovant par rapport à l'image traditionnelle du musée et un site champêtre d'une grande beauté naturelle, lieu représentatif et symbolique de l'histoire si particulière de la Vendée.Afin d'apporter une réponse pertinente à ce projet, nous avons mené des réflexions en parallèle sur le programme et sur le site. Le projet se présente alors comme une résolution, une synthèse de l'ensemble des réponses aux différentes questions posées.
Le site
Il se présente comme une vaste colline que l'on aborde par le sommet, orientée au Sud et de ce fait bénéficiant d'un ensoleillement constant. Depuis le chemin d'accès au Nord du terrain, la vue est particulièrement dégagé et offre un large panorama sur la Boulogne, rivière qui serpente au creux de la colline, véritable incitation à la promenade. Au delà de cette rivière, le terrain se relève à nouveau de manière plus abrupte et offre à la vue une silhouette massive et boisée qui donne une limite à la vaste étendue des champs formant le site. La déclivité du terrain est relativement peu perceptible depuis le haut du site, le sol s'effaçant sous les pieds. En revanche, la perception du site est totalement différente du point de vue du visiteur qui se promène le long des rives de la Boulogne. Les vues sur le site sont plus partielles du fait du bombement de la colline et des arbres au bord de l'eau.La présence sur le site d'une première installation, le Mémorial de la Vendée est intéressante dans la mesure où les deux programmes étant liés, nous sommes invités à envisager le site dans sa globalité géographique et donc à imaginer une organisation pour les visiteurs de l'ensemble du site.Par ailleurs, il nous est apparu en parcourant le site que la ligne située à l'altitude 40.30 NGF, délimitant la zone inondable proche de la rivière de la partie supérieure du terrain était significative au sens ou elle apparaît comme la frontière entre deux types de paysage. Le premier paysage, au dessus de cette ligne s'apparente davantage au paysage de bocage typiquement vendéen, fait de champs entrecoupés de chemins creux boisés ; le second présente un caractère plus bucolique avec la présence de la rivière mais aussi de l'eau contenue dans le sol. La végétation est différente et donc les sensations du promeneur (vue, odeur, couleur …) s'en trouvent modifiées par rapport à celles éprouvées en haut du terrain.
La dissimulation comme parti architectural
La volonté de faire disparaître les 6000m2 du musée dans le paysage était inscrite dans le programme du concours remporté par le groupe Plan01 en septembre 2002. Le maître d’ouvrage avait exprimer clairement le souhait de limiter au maximum l’impact du bâti sur le paysage.
L’ apparent paradoxe entre la volonté de créer un lieu culturel attractif à l’échelle du territoire et le désir de le dissimuler dans le paysage s’efface devant la beauté naturelle du site: un paysage sensible entre bocage et rivière.
Nous avons donc pris le parti d’intégrer finement le programme en créant un dialogue ambiguë et subtil avec la nature environnante : le bâtiment entretient une confusion avec son contexte pour mieux se révéler par endroit. Sa présence est à la fois discrète et expressive, explorant tour à tour les thèmes de l’enchâssement et du soulèvement.
Une prairie suspendue
Dissimulé sous une toiture végétale, comme un fragment de paysage le musée s’ouvre sur la rivière. Il est mystérieux dans sa volumétrie, se découvre progressivement à l’approche du visiteur et révèle en son intérieur des espaces généreux et chaleureux dans leur échelle et leur volumétrie.
Le bâtiment, monochrome (vert bronze) est enchâssé dans le terrain naturel, sur la ligne mouvante de rencontre de paysage cultivé du bocage et du paysage inondable de la Boulogne, où la vue, depuis le hall, peut être cadrée sur la partie la plus sauvage du site.
La toiture du musée, conçue comme un fragment du paysage est l’élément majeur du projet. Le profil complexe de cette toiture a exigé une longue mise au point à partir de maquettes et de modélisation 3D : il est composé de facettes dont les angles relatifs sont suffisamment marqués pour conserver au bâtiment une expressivité qui suffit à le distinguer sur le terrain naturel.
L’entrée du musée s’effectue à la croisée de deux chemins. S’inspirant du chemin creux vendéen, une traversée met en scène le parcours depuis le parking jusqu’à l’entrée et offre au visiteur une plongée progressive dans le sol et l’histoire de la Vendée alors que le musée est perçu depuis le chemin bas comme une séquence ponctuant une promenade.
Cette traversée du bâtiment est l’occasion de mettre en scène deux découvertes : Le passage du paysage du bocage à celui de la rivière et des vues plongeantes sur le grand hall et la fresque qui habille les façades intérieures et ponctue l’entrée des salles d’exposition.
Le relief de la toiture végétale et les facettes de ce grand auvent s’adaptent aux volumes utiles des différents espaces. Son inertie et ses grands débords protégent du soleil les salles d’exposition et de conservation.
L'enchâssement à l'interface entre les deux paysages
A la rencontre mouvante du paysage cultivé de bocage et du paysage inondable de la Boulogne, nous avons enchâssé l'Historial comme un lieu de vie protégé mais non caché ; ouvert, accueillant et généreux dans les rapports qu'il génère avec le site actuel comme avec les extensions possibles à venir.
L'intention première étant que depuis le haut du terrain, le bâtiment n'émerge pas. La façade Sud se présente comme le visage de l'Historial. Dans le sens transversal par rapport à la pente, soit l'axe Nord/Sud, le parti d'implantation des éléments de programme est d'installer les parties opaques d'exposition et de réserve dans l'épaisseur du terrain ainsi évidé et de positionner les espaces d'accueil au sud, vers la lumière et la vue.
La traversée par le chemin creux
Le parti d'un bâtiment enchâssé dans la pente et abordé depuis le haut du terrain induit naturellement le thème de la descente vers le programme.
Afin de permettre au flux des visiteurs de rallier le niveau d'accueil qui se situe au niveau bas du terrain, nous avons alors imaginé une traversée publique du bâtiment à l'air libre, constituée par une rampe à pente douce (pas d'ânes) qui aboutit sur un parvis à la vue dégagé sur les rives de la Boulogne. Depuis ce parvis, le visiteur découvre l'entrée du musée.
Cette traversée du bâtiment permet également une vision plongeante sur les galeries d'accès vers les espaces d'exposition et sur le hall donnant ainsi au visiteur un avant goût de l'objet de sa visite, ainsi que le sentiment d'une plongée dans le sol et donc l'histoire de la Vendée.
Elle permet également au visiteur de rejoindre le bas du site et donc de poursuivre sa promenade vers les rives de la Boulogne en empruntant soit des sentiers transversaux, soit un platelage légèrement décollé du sol et donc de l'eau pendant les périodes d'inondation qui mène jusqu'au théâtre de verdure. Celui-ci s'installe naturellement au flanc du coteau sur la rive opposée.
Ce parcours extérieur permettant de découvrir l'intérieur du musée s'inscrit comme une ligne de bocage entre les champs, à l'image des chemins creux si typique du paysage vendéen. Nous imaginons que ce passage peut demeurer ouvert et libre d'accès pendant les heures de fermeture du muse afin de rendre vivant le site en permanence.
La toiture comme fragment de paysage
L'enchâssement du projet dans la pente nous a conduit à envisager la toiture du bâtiment comme l’élément majeur du projet dont la présence serait perceptible depuis les points hauts du terrain mais également depuis les coteaux situés au sud et faisant face au site. Par ailleurs, l'intention clairement exprimée dans le programme de faire disparaître le projet dans le paysage, de conduire le visiteur à découvrir le musée depuis l'intérieur, nous a mené à imaginer une toiture faite de plans inclinés, supports d'une couche fine de végétation, venant s'ajuster aux hauteurs utiles différentes selon la nature des espaces du programme.
L'ensemble des toitures forme, ainsi, un paysage architecturé, changeant au fil des saisons et en fonction de l'inclinaison et donc de l'orientation des différents plans. Les dimensions importantes du projet (surface, épaisseur) disparaissent ainsi sous ce couvert végétal. Le musée se devine sous cette toiture géométrisée à la nature maîtrisée. Les rives se décollent du terrain naturel et forment des failles laissant passer la lumière vers les espaces d'accueil et la vue sur les façades du projet.
La toiture est composé d’une charpente métallique épaisse. Celle ci est constitué de fermes treillis et de pannes braconnées tous les 2 m. La forme gauche de la toiture est décomposé en triangles, chacun occupant un plan différent. Les rives sont composées de cassette aluminium qui se déroulent tel un ruban sur tout son contour.
Un bac acier perforé est posé sur toute la surface de la toiture. La surface de la toiture est nappée d’un complexe foamglass de 10 cm d’épaisseur pris en sandwich entre 2 couches de bitume. Cette nappe de verre cellulaire posé en plaques fait office d’isolant thermique et d’étanchéité. Elle reçoit le complexe végétal léger, constitué de 15cm de terre reconstitué et de terreau. Ce complexe est contenu dans des costières. Ce substrat reçoit un rouleau d’herbe pré cultivée en Forêt noire. Un réseau d’arrosage artificiel, indispensable pour la viabilité de cette couverture apparenté à une culture hors sol est logé dans l’épaisseur du substrat. Le substrat est composé de sédum, de graminées et d’essences d’herbes. Dès le printemps prochain, la toiture prendra l’apparence d’une prairie suspendue destinée à pousser entre 30 et 60 cm. Dix petit cabochons de caillebotis encastrés dans certains angles des triangles de la toiture assurent les fonctions de désenfumages et ventilation.