Lycée Paul Valéry - MEKNES
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Maitrise d’ouvrage - AEFE (Agence de l’Enseignement Français à l’Etranger)
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Surface - 1 ha
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Montant travaux - 10 M Dirhams
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Equipe - GROUPE 3 (Skander AMINE et Omar TIJANI)
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Etudes - 2017
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Réalisation -
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Crédit photo -
Une école dans un parc
Fondée au XIe siècle par les Almoravides en tant qu'établissement militaire, Meknès devint capitale sous le règne de Moulay Ismaïl (1672-1727), fondateur de la dynastie alaouite. Il en fit une impressionnante cité de style hispano-mauresque ceinte de hautes murailles percées de portes monumentales qui montre aujourd'hui l'alliance harmonieuse des styles islamique et européen dans le Maghreb du XVIIe siècle.
Fondé en 1914 sous le nom d'« École française de Meknès », cet établissement est devenu à partir de 1962 un lycée à vocation essentiellement scientifique et économique. C'est le lycée français le plus grand au Maroc juste après le lycée Lyautey de Casablanca.
En 1962, un nouvel établissement est superbement aménagé dans l'ancienne caserne de la Légion étrangère située Quartier Bissey, lieu de stationnement d'un Bataillon du 4e Régiment étranger d'Infanterie, en face de l'ancien stade militaire Berthezème, dans le prolongement du boulevard de Paris, au-delà de son croisement à angle droit avec l'ancienne avenue Lyautey. Ce nouveau lycée prend le nom du poète et écrivain français Paul Valéry (1871-1945).
Le lycée Paul-Valéry dispense des cours de la sixième à la terminale. Il accueille en classe de sixième les élèves issus de l’école Jean-Jacques-Rousseau et en seconde les élèves du collège Jean-de-la-Fontaine de Fès. Regroupant des élèves de deux villes différentes, le lycée Paul-Valéry a donc la particularité de posséder - c'est le seul lycée français au Maroc dans ce cas - un internat afin d'héberger les élèves de Fès.
Un internat, un bâtiment des sciences et un centre culturel comme des bosquets singuliers du parc
Ancienne caserne, le site a été tracé au cordeau. Une trame régulière quadrille le parc et découpe le terrain en différents ilots, différents bosquets. A l’image des parcs à la française, ces bosquets accueillent chacun une fonction différente de la vie de l’établissement. Bosquet du bâtiment des sciences, bosquet de l’internat et bosquet du centre culturel font l’objet de la proposition actuelle.
Le bosquet du centre culturel s’implante dans la perspective de l’entrée principale sur une partie de l’ancien jardin d’honneur. Point stratégique de l’aménagement, il est visible depuis la rue et devient le point phare du parc. L’architecture se déploie sur la totalité du bosquet, elle se clôt d’un filtre constitué de lames formant la peau du bâtiment. La perspective vers le monument aux morts n’est toutefois pas rompue grâce à un axe traversant totalement transparent. La vie du bâtiment est tournée vers son intérieur, vers un patio jardin.
Ce patio jardin doit donner l’impression d’être très planté tout en pouvant accueillir les évènements. Pour se faire, des lames de pierre au sol reprennent le rythme des lames de la double peau du bâtiment, s’intercalant en bandes de largeurs variables. Les joints entre ces bandes de pierre sont végétalisés sur les bords tandis qu’un gravier les remplit au centre du patio. Plantes grasses, cactées et graminées constituent un mélange économe en entretien et sobre en arrosage qui filtre les vues depuis le jardin vers les façades vitrées du patio. Une coursive constituée de la même pierre tourne autour du jardin et vient cadrer ce tapis végétal. Quelques arbres de faible développement (Olivier et Mimosa) sont plantés de manière aléatoire dans les lames végétales pour apporter un ombrage ponctuel dans le patio.
Le bosquet de l’internat est complété par un nouveau bâtiment en forme de L, fermant l’espace côté rue. Une cour-patio se dessine alors avec l’installation côté allée d’une ponctuation de Pins et de Grevilleas qui finalise le cadre. Filtre visuel sur les deux bâtiments de l’internat, ces Pins et ces Grevilleas apportent une ombre bénéfique sur les espaces de jeux de la cour de l’internat. Ils sont le prolongement naturel de la lisière du parc côté rue, constituée depuis plus de 50ans.
La cour est légèrement surélevée par rapport à l’allée la longeant. Le dispositif existant du muret séparant les deux niveaux est prolongé et amplifié afin de lire le changement de statut de cet espace, qui sera réservé comme lieu de détente pour les internes. Les deux terrains de sport existants sont redimensionnés et replacés tout en gardant un espace tampon aux pieds des bâtiments pour garantir l’intimité des chambres. Une haie taillée à 1m de haut forme une nappe enveloppante sur le pourtour du rez de chaussée tandis que des espaces engazonnés permettent de s’installer confortablement à l’extérieur tout en limitant les effets d’ilot de chaleur. Quelques gradins engazonnés complètent l’aménagement pour servir de belvédère sur la cour et ses terrains de sport. Les sols sont en béton désactivé pour les circulations tandis qu’un béton lisse forme les plaques des terrains de sport. Le changement de rugosité de la matière donne à lire et délimite les espaces de jeux.
Le bosquet du bâtiment des sciences s’installe en continuité des bâtiments existants. Le cœur de ce bosquet est totalement construit tandis que sa périphérie est plantée de nombreux arbres permettant de créer un filtre. Le bâtiment se fond dans le paysage existant grâce à une ponctuation d’arbres qui masquent ces dimensions.
Une végétation locale pour un aménagement économe – un exemple pédagogique de jardin « sec »
La végétation se compose d’essences locales, adaptées au climat et peu consommatrice en eau. Des Pins (Pinus halepensis) et des Grevilleas (Grevillea robusta) sont déjà existants sur le site et seront complétés. Ils seront accompagnés d’une strate arbustive homogène d’arbustes méditerranéens et d’une strate herbacée de graminées nécessitant peu d’arrosage et d’entretien.
Le réseau d’arrosage est limité à un goutte à goutte économe et servant essentiellement à l’installation des plantes sur les deux premières années de vie du jardin. Cet arrosage semi automatique (sans programmation, avec ouverture par secteurs avec des vannes manuelles) pourra ensuite baisser en intensité jusqu’à devenir sporadique.
Une zone de compostage des déchets verts pourra mettre en scène pédagogiquement la réutilisation des déchets de tailles des arbustes et de déchets organiques de la cantine dans un processus de fabrication de compost pour l’enrichissement des sols du jardin. Cette politique de gestion (non exportation de matière organique) mettra en valeur la volonté de ne plus « perdre » cette matière première en la faisant évacuer du site.
Un jardin pédagogique, pouvant être situé en entrée d’école pour être visible tous les jours par les élèves, mettra en exergue ses techniques agroécologiques de compostage et de traitement naturel des maladies des plantes, en accueillant des plantes alimentaires, médicinales et aromatiques.