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Ferme école OCP - KHOURIBGA

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Maitrise d’ouvrage - OCP (Office Chérifiens des Phosphates)

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Surface - 30 ha

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Montant travaux -  35 M Dirhams

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Equipe - ANDALOUSSI Rachid / NEJMI Youssef

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Etudes - 2012

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Réalisation

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Crédit photo - 

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La trame parcellaire - Le bon sens terrien

La trame du parcellaire a une cohérence propre et un rôle structural fondamental dans l'organisation du territoire. Elle s’inscrit ici en lames perpendiculaires à la direction du vent dominant, tout en s’adaptant à la topographie en se déformant. L’ancienne trame du parcellaire existant préalablement à l’aménagement est reprise et mise en valeur. Les allées principales suivent scrupuleusement ces lignes directrices tandis que brise-vents et diguette anti érosive reprennent les directions des fractionnements de terrain. La trame du projet retrouve ainsi une cohérence avec la trame parcellaire agraire à l’Ouest du site, en prolongeant les lignes de brise vents et les lignes de micro-barrages sur l’oued. Les terres les plus riches (sur les côtes les plus basses du site) sont mises à profit pour installer les cultures les plus exigeantes (maraîchage, fruticetum et arboretum fruitier (verger)) tandis que les terres les moins fertiles accueillent graduellement les prairies mélifères puis les prés fleuris pour l’élevage vers la partie haute du site.

 

Les bâtiments d’enseignement et de vie s’installent au plus près des aires cultivées, exigeantes en soin, et se fondent dans le fruticetum (la collection d’arbustes). 

Le parking véhicules légers (100 unités) et bus (5 unités) est implanté à l’entrée du site et légèrement à l’écart de l’allée principale du domaine. Suit immédiatement la zone enseignement et hébergement temporaire, tandis que le pavillon du gérant et le hangar technique s’inscrivent au bout de l’allée principale, hors des vues du grand public tout en étant à proximité du centre de vie.

L’allée principale structurant le domaine, largement bordée par des Cyprès (Cupressus sempervirens), reprend la typologie des grands parcs du monde méditerranéen et est vouée à se prolonger vers la forêt régénérée afin d’aboutir à un belvédère installé sur un des monticules, donnant à terme un point de vue exceptionnel sur ce domaine agricole et le  grand paysage.

L’allée d’accès depuis la nationale est traitée en large chemin en stabilisé, bordé de manière symétrique par deux alignements de Cyprès. Cette allée est implantée légèrement en balcon sur l’oued et constitue une limite dure en gabion afin de mieux canaliser les eaux pluviales et limiter l’accès au fond d’oued pour protéger les terres fertiles.

Les cultures en couloirs - Alley Cropping

 

Afin de protéger du vent et de l’ensoleillement les cultures les plus fragiles (maraîchage), un système d’alley cropping est généralisé sur l’ensemble du site.

Reprenant les principes de cultures en strates, utilisées depuis des siècles dans les oasis ainsi que dans les vergers méditerranéens, le terme contemporain de « alley cropping » (ou cultures en couloirs, cultures alternées) remet au goût du jour en agronomie et en agroforesterie la mixité et la complémentarité des espèces. Ainsi pré pour l’élevage et verger se mixent en pré-verger, céréales et boisement de production se mixent en champ alterné de ligne d’arbres, maraîchage et fruitiers en potager-verger,…

Ici, les prés se protègent de l’ensoleillement par des bandes d’arbres forestiers, le fruticetum et le maraîchage se glissent sous l’arboretum d’arbres fruitiers. Ces bandes arborées constituent une liaison entre la forêt régénérée et les champs voisins tout en admettant un gradient de dé-densification depuis la forêt vers les champs. 

 

La culture en couloir est une technique très utile pour améliorer les sols pauvres, avoir du fourrage pour le bétail et protéger les sols des effets des fortes pluies. Elle  combine la pousse d’arbres et les cultures. On plante des rangées d’arbres appropriés tous les 5-6 mètres environ, généralement en plantant des graines directement dans le sol au début de la saison des pluies. Entre les rangées d’arbres, on fait pousser normalement des cultures ou des légumes. Sur les terrains en pente, il faut planter les rangées le long des courbes de niveau, en travers de la pente. La culture en couloir peut aussi offrir une protection lors de pluies irrégulières car les rangées d’arbres permettent de garder les eaux de pluie dans le sol. La culture en couloir ajoute des éléments nutritifs et améliore la structure des sols. Elle protège les sols des effets de fortes pluies. 

 

Une lisière arboretum forestier

Constituée par la zone la plus densément plantée en bandes d’arbres forestiers, la lisière constituée entre le domaine et la forêt régénérée accueille l’arboretum d’espèces forestières. Reprenant les espèces déjà utilisées pour la régénération des terrains adjacents, l’arboretum donne la part belle aux espèces endémiques de la forêt sclérophylle méditerranéenne telle que le Pin d’Alep (Pinus halepensis), Chêne liège (Quercus suber), Arbousier (Arbutus unedo), … tout en admettant les espèces acclimatées les plus adaptées telles que Schinus terebenthifolius, Grevillea robusta,…

 

La percolation sur site - La récupération des eaux de ruissellement

 

Khouribga ne profitant que d’une pluviométrie limitée, l’aménagement cherchera à optimiser la récupération sur site des eaux de ruissellement.

Des micro-barrages en gabions (ou stone box, ou muret en pierre sèche) sont installés dans le fond d’oued dans la trame de l’ancien parcellaire. Ils servent à permettre un stockage temporaire des eaux tout en favorisant leur percolation afin d’améliorer le taux hydriques des sols en place. Ces micro-barrages sont prolongés sur les terrains hauts pour former les murets séparant les différentes plateformes de prés et de bergeries. Ces lignes minérales structurent l’espace et mettent en exergue l’organisation par strate ou gradient d’humidité du site depuis les points hauts vers les points bas.

Dans le même esprit de blocage des eaux sur site, des diguettes anti érosive en merlon de pierres sont installées dans les prés et permettent de faciliter l’installation des arbres de brise-vent.

la mise en valeur de l'eau à travers les abreuvoirs - Gueoirs - Lavognes

L’eau reprend les différentes formes d’utilisation propre aux fermes d’élevage. On la retrouve à travers un grand bassin longitudinale accompagnant le centre de vie. Ce bassin est la réinterprétation moderne des abreuvoirs typiques des fermes ou des villages, dénommé « guéoir », qui permettait aux chevaux et aux bovins de s’approcher et rentrer dans l’eau. Avant l’arrivée du cheval vapeur, le cheval était un des moyens de transport le plus utilisé. Son entretien supposait nourriture, eau, et soins. Les bords de rivières, les plans d’eau, les abreuvoirs assuraient une de ces fonctions. Le « guéoir » (ou égayoir, gayoir) est un bassin qui servait à laver les chevaux au retour des travaux aux champs. Il comporte un plan incliné pour entrer et sortir les animaux.

Dans la continuité de mise en valeur des lieux abreuvoirs, les lavognes (abreuvoir à ovins) sont installés en accompagnement des bergeries et dans les prés.  Le terme de lavogne désigne à la base une dépression sur les terres « calcaires » qui permet de boire aux animaux d'élevage et, à une époque plus reculée, aux hommes. Ceux-ci ont aménagé des creux naturels en les étanchant par un tapis argileux et en les pavant de pierres calcaires pour capter et retenir les eaux de ruissellement.

Ces lavognes reprennent une forme en rectangle plus contemporaine en admettant d’un seul côté une pente douce permettant aux animaux de s’approcher de l’eau. Ces abreuvoirs, installés en partie basse des prés, doivent aussi constitués un lieu de captage des eaux de ruissellement. 

Une utilisation optimale des matériaux locaux

 

L’ensemble des sols durs, des socles de bâtiment et des murets seront réalisés avec la pierre récupérée sur le site. Les sols du centre de vie et du parking seront traités en sols durs avec un hérisson de pierre. Technique ancestrale utilisée pour les aires de battage du blé dans les villages, ce traitement de sol paré parfaitement en adéquation avec l’histoire agricole que doit promulguer l’aménagement. Ce hérisson de pierre forme aussi une parfaite continuité avec le traitement des socles de bâtiment en pierre sèche ainsi que le thème des murets et micro-barrages en gabions ou pierre sèche de l’ensemble des aménagements.

La pollinisation - les insectes comme assistants agricoles

Nécessaire à la pollinisation de l’ensemble des fruitiers et de certaines plantes cultivées, les insectes et notamment les abeilles doivent être accueillies de manière durable sur le site. Arbres et arbustes à fleurs apporteront une partie du nectar nécessaire à ces insectes tandis que les prairies et les prés permettront un complément important.  

Les prairies mellifères sont alors un espace très important dans le système de fonctionnement d’une ferme. Elles seront installées sur les parcelles de pré arrosées juste au dessus de la bande du centre de vie. On y retrouve de nombreuses espèces de fleurs et de graminées que l'on laisse évoluer en intervenant le moins possible.

 

Une prairie mellifère utilise :

  • des plantes annuelles : plantes dont  le cycle de vie ne dure qu'une saison et meurt. La plante pousse, fleurit, est fertilisée, produit des semences et finalement meurt. Elles doivent donc être remplacées toutes les années.

  • des plantes biannuelles : plantes se caractérisant par un cycle de végétation qui s'étale sur deux années : semées au printemps ou en été, elles donnent des feuilles la première année et ne fleurissent qu'au printemps ou l'été suivant après avoir passé l'hiver en pleine terre.

  • des vivaces : plantes qui peut vivre plusieurs années. La plante se dessèche à l'automne et au printemps les bourgeons sous le sol repoussent. Certaines poussent normalement pendant plusieurs années et d'autres pendants deux ou trois ans.

 

Leurs floraisons doivent s'étaler tout au long de l'année et offrir leur nectar aux différentes heures de la journée. Elle est constituée essentiellement de trèfles, sainfoins, mélilots, lotiers, luzernes, matricaire, bleuet, coquelicot, mauve sylvestre, fétuque élevée, achillée millefeuille,..

Les prés fleuris, installés sur les parcelles non irriguées en partie haute du site, sur les sols les plus pauvres. Le pré fleuri est plus haut et dense que les pelouses rases, mais moins productrice de matière organique que la prairie grasse de pâturage. Il s’en distingue aussi par une composition floristique différente.
Il est généralement constitué de 30 à 50 % de graminée et pour le reste de plantes pérennes (vivaces) et de quelques plantes annuelles et bisannuelles (fleurs des champs) adaptées aux sols pauvres, caillouteux, crayeux ou sableux et non inondés. 
 

L'arboretum - Le fruticetum - La cacteraie - Les livres de botanique à ciel ouvert

Constituant la base de l’enseignement agricole, la connaissance des plantes, la botanique est au cœur du système pédagogique. Arboretum, fruticetum et cacteraie sont ainsi implantés à proximité des salles d’enseignement théorique, toujours accessibles d’un pas par les élèves. Ils constituent un livre de botanique à ciel ouvert et les étudiants sont littéralement immergés au cœur des espèces qu’ils devront apprivoiser. Le fruticetum s’immisce dans l’ensemble des lieux de vie, de la salle de classe au réfectoire en passant par les hébergements et constitue alors le « fruticetum habité ».

Ce fruticetum se glisse en partie sous l’arboretum de fruitiers et se prolonge en champ de maraîchage sous fruitiers vers le bas du terrain. Les étudiants peuvent à loisir passer du fruticetum aux plantes maraichères tout en étant à proximité des salles de cours. On peut imaginer que certains carrés soient appropriés par les élèves d’une promotion permettant ainsi d’accompagner la pédagogie générale par une pratique plus intime de l’élève avec les plantes. Ce principe est récurrent dans toutes les écoles d’agronomie (ou de paysage) et participe de manière efficace à l’apprentissage de la botanique et de l’écologie.

Une graineterie, qui stocke et conserve les graines des différentes essences pourra venir à terme compléter la programmation du lieu. Une activité de multiplication permettra aussi à terme de préserver, en les multipliant, les espèces rares grâce à l'échange de semences entre les différents arboretums et jardins botaniques à travers le Maroc et le monde et ceci grâce à un index seminum. Son ouverture au public constituera ainsi une sorte de musée en plein air, utile à l’ensemble des riverains et habitants de ce territoire.

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