Hippodrome - RABAT
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Maitrise d’ouvrage - SOREC
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Surface - 5 ha
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Montant travaux - 20 M Dirhams
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Equipe - GROUPE 3 (Skander AMINE et Omar TIJANI)
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Etudes - 2013
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Réalisation -
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Crédit photo -
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Un équipement de la ceinture verte - le bois périphérique
Anticipant les évolutions rapides de la ville, JCN Forestier propose de reprendre pour Rabat le modèle du plan d’extension d’Adelaide qu’il a proposé comme modèle idéal dans « Grandes Villes et systèmes de parcs ». Forestier appuie ce choix par le fait que la ville est composée de deux noyaux urbains (Rabat et Salé). Il imagine donc de poursuivre un développement par noyaux urbains, ceinturés de « zones vertes d’isolement » de profondeur moyenne de 500 à 1000m ou seraient situés les espaces libres, les jardins botaniques, les pépinières, les écoles d’horticulture, les équipements sportifs,…
La prévision de pépinières pour pourvoir à la plantation et à l’entretien des jardins publics et promenades est un héritage haussmannien. En effet dans ces mémoires, le préfet souligne l’importance de tels équipements pour la gestion de ces espaces et justifie leur création qu’il impose. Il en est de même pour les champs de course ou de polo, les jardins botaniques et les écoles d’horticulture (cf. les transformations du Bois de Vincennes).
Le plan Prost prévoit ainsi la mise en place d’une ceinture verte reliant le quartier de l’Agdal à l’enceinte du Palais Royal vers le Chellah. Forestier suggère de prévoir dans cette ceinture verte, un boulevard promenade (parkway) de tour de ville d’une largeur de 100 à 130m (l’équivalent de l’avenue Foch à Paris) afin de relier le quartier de l’Agdal à l’enceinte du Palais et la porte de Zaers. Ce boulevard comprendrait des bandes de jardins et de plantations de part et d’autre de son emprise viaire, prévues afin de permettre l’élargissement futur des chaussées.
Aujourd’hui ce boulevard est en majeure partie réalisé et a été prolongé du quartier de l’Agdal vers le nouveau quartier de Hay Riad. On peut alors considérer que la ceinture verte se prolonge désormais vers le sud jusqu’à Hay Riad et que l’hippodrome de Souissi est un de ses équipements phares. On notera que bon nombre de grands équipements de la ville ont été implantés en bordure de ce prolongement de boulevard (campus universitaire, nouveau quartier administratif,…) et complètent magistralement par leurs emprises plantées généreuses ce parkway.
Une typologie de parc caractéristique de Rabat - Les parcs panoramiques
Reprenant les recommandations de JCN Forestier sur la protection des grands panoramas vers la mer et vers l’estuaire de l’oued, H. Prost prévoit l’installation des parcs de Rabat suivant une typologie de belvédère :
-le parc du Triangle de vue met en relation la ville européenne avec l’océan tout en mettant en valeur l’enceinte de la Médina
-le jardin de la Résidence Générale ouvre les vues depuis le bureau de Lyautey sur l’estuaire
-le jardin du Belvédère et son prolongement dans le jardin d’Essai libère les vues vers le grand paysage
Une logique d'implantation et adduction - Une rupture de pente
Dans l’incapacité d’utiliser les eaux proches du fleuve largement envahies par la marée, et en raison de l’insuffisance de la nappe phréatique locale, il fallut aller chercher l’eau indispensable au-delà de la ville. D’un côté on entreprit, au nord et à l’est de Salé, le captage de plusieurs sources (Ras al Aïn, Aïn al Khadra,…) ainsi que l’exploitation de la très importante nappe du Rharb à Fouarate ; de l’autre, on procéda au réaménagement de l’ancienne conduite de Aïn Atig, source se trouvant à une quinzaine de kilomètres au sud ouest de Rabat.
L’hippodrome de Souissi, espace vert et grand consommateur d’eau, est alors implanté au plus près de la conduite de Aïn Atig.
Cette conduite, qui longe le site côté nord ouest sur la ligne de crête, souligne la ligne de rupture de pente entre le plateau de Souissi et le plan incliné de l’Agdal. On peut alors imaginer que la ceinture verte est installée le long de cette rupture de pente avec d’un côté les quartiers les plus denses sur les terrains les plus rocheux (quartiers Agdal, Palais Royal, Trois Figuiers) et de l’autre la cité jardin (quartier de Souissi) sur les terres arables du plateau.
Rabat recevant un vent dominant d’orientation Nord Ouest, la logique d’implantation des équipements sportifs tels que les pistes d’athlétismes et les champs de course est l’installation en perpendiculaire à ce vent afin de limiter les vents de face durant les courses.
La piste d’athlétisme du Parc du Belvédère et le champ de course de Souissi répondent à ces exigences d’orientation.
Un équipement phare de la cité jardin
A l’image de l’hippodrome de Casablanca installé en plein cœur de la cité jardin, l’hippodrome de Souissi s’installe en équipement phare du quartier, reprenant ainsi les implantations en pleine ceinture verte des grandes villes européennes (Cf. Bois de Boulogne, Bois de Vincennes à Paris, Parc Montjuic à Barcelone,…) ou de leurs stations balnéaires et villes de villégiature du début du 20e siècle (Deauville, Fontainebleau, Chantilly, St Germain pour Paris,…)
Lieux emblématiques des grandes manifestations des années folles (défilé d’automobiles, de modes, concours canins,… siège des associations de club automobile), les hippodromes (ancêtre des pistes de courses automobiles en anneau) sont les lieux privilégiés de promenades dominicales et les équipements vitrines des grandes villes du monde.
Zoos, hippodromes, stades, parcs constituent, alors et encore de nos jours, des équipements reflétant la qualité de vie et la prospérité d’une ville.
Un milieu singulier - Les reliques de la forêt de la Maamora
Le site occupe l’aire d’installation septentrionale de la suberaie, forêt de chêne-liège (Quercus suber) survivante des époques humides de l’ère quaternaire et tertiaire, dont la Maamora constitue le plus grand reliquat de forêt d’un seul tenant du monde. La pression anthropique (le surpâturage, le gaulage, l’émondage, les coupes de carbonisations, l’urbanisation) a complètement bouleversé son équilibre écologique. Le manque de régénération naturelle, la simplification de l’écosystème suite au recul du sous-bois qui fait partie de l’architecture forestière, les blessures survenues au cours des opérations de récolte de liège, ont affaibli les arbres.
Dans les clairières apparaissent des matorrals (garrigue, milieu composé d’herbacées et d’arbustes) de dégradation qui sont dominés par les Cistacées et les Ericacées.
L’un des traits écologiques fondamentaux de cette forêt est qu’elle est parsemée de dayas. Les dayas sont des mares d’eau éphémères, petites dépressions au fond argileux qui collectent les eaux de pluie et se retrouvent généralement sèches durant l’été. Ces espaces saturés d’eau abritent des phytocénoses composées d’hygrophiles ou même d’hydrophytes, de petits et de grands gazons amphibies, de fougères aquatiques, tous types de végétation d’eau douce très intéressants. Les dayas représentent aussi au cœur de la forêt de chênaie-liège l’habitat d’un dense microcosme composé de formes aquatiques de Coléoptères et d’Hétéroptères, d’Annélides achètes (sangsues), de Crustacés et de Mollusques (Planorbes et Limnées parmi les Gastéropodes, ainsi que certains Lamellibranches). C’est un milieu irremplaçable pour la reproduction et le développement des premiers stades de certains Invertébrés (notamment les Odonates) et le vivier naturel d’Amphibiens (tels le Pleurodèle de Waltl, le Pélobate marocain et les Bufonidae) et de Reptiles (Tortues Emydidae).
Ceux sont des zones aquatiques d’importance capitale au regard de la diversité de l’avifaune, toutes des escales essentielles car très proches du passage obligé que représente le Détroit de Gibraltar sur la route des migrations. Le Hibou du Cap y possède ses quartiers et c’est aussi une étape très appréciée sur la voie des zones sahéliennes.
Les principes du projet
-mettre en exergue la continuité de la ceinture verte
-libérer les vues sur l’océan
-densifier la lisière habitée
-constituer la clairière et l’intériorité du champ de course
-mettre en valeur l’histoire du parcellaire et du réseau d’adduction d’eau de la ville
La lisière - Le bois habité
A l’image du Jardin du Belvédère ancien lieu d’accueil des expositions et foires de la ville, la crête pourrait être aménagée en vaste esplanade plantée, terrasse belvédère vers l’océan, pouvant recevoir différents types de manifestations : marché artisanal, festival de jardins temporaires, exposition de véhicules, défilé de mode….
Reprenant la typologie végétale de la forêt de la Maamora, une forêt sclérophylle (forêt méditerranéenne) composée de Chênes liège et de Pins d’Alep s’installe sur l’esplanade.
Un sol unitaire en stabilisé permettrait d’utiliser de manière alternative les espaces en parking, aire de sport, aire d’exposition tout en lui conférant un vocabulaire de parc (cf. parc de la Ligue Arabe à Casablanca, jardin des Tuileries à Paris,…).
Implanté sur la légère déclivité côté Est, l’ensemble des bâtiments nécessaires au fonctionnement du site pourrait être noyé dans une nappe arborée tout en permettant de large ouverture de vue sur le plateau et son champ de course.
Cette lisière constituerait un brise-vent efficace pour la protection de la piste tout en permettant d’ombrer généreusement les espaces de déambulation.
La nappe arborée de 10 à 15m de hauteur, constituée essentiellement de Chênes liège (Quercus suber) et de Pins d’Alep (Pinus halepensis), fragmentée en bosquets, pourrait être complétée par des alignements de brise vent reprenant les lignes de l’ancien parcellaire agricole du plateau. Ces brise vents seraient constitués d’un mélange de Cyprès (Cupressus sempervirens) et de Grevillea (Grevillea robusta).
Le plateau - La clairière de champ de course
Vaste étendue libérant les vues sur les chevaux, le champ de course pourrait être traitée en généreuse prairie (matorral) ponctuée sur ces pourtours de bosquets d’arbres bloquant les vues sur le quartier de Souissi et de Hay Riad et donnant la sensation de clairière taillée dans la masse boisée de la ceinture verte (la forêt du Hilton).
Cette clairière-pré pourrait accueillir de manière confortable des manifestations musicales temporaires de grande ampleur, sur ce vaste espace libre.
Les bosquets d’arbres sur le pourtour seraient composés des mêmes espèces que dans la lisière (Chênes liège et Pins d’Alep), tout en étant aussi accompagnés par des alignements brise vents (Cyprès et Grevillea).
L'horizon minéral
Edifiés dans la lisière, l’ensemble des bâtiments s’installe sur et sous un socle commun, retranscription d’un affleurement rocheux émergeant au niveau de la rupture de pente du site.
Cette grande plaque, « affleurement rocheux » , calée au niveau 65.90 NGM constitue une vaste place desservant à la fois la tribune et les écuries. Elle est le lieu de promenade reliant une visite en surplomb des écuries, les gradins du rond de présentation, les édicules de pari et la grande tribune. Le promeneur est alors en position confortable en surplomb de la piste (niveau 61.00 NGM) et son champ de vision est libre du côté champ de course comme du côté esplanade seuil d’entrée. Cette plaque place largement perforée au niveau des écuries et de la tribune s’immisce sur l’esplanade parking et devient la place d’entrée du site. Le sol est réalisé en large opus de béton désactivé reprenant le thème des plaques et leur tectonique.
Cette plaque constitue le lieu de « fracture » entre l’horizon rocheux (la crête, la place et l’esplanade parking) et l’horizon végétal du site (le champ de course).
Au niveau inférieur, à 61.45 NGM, l’esplanade basse, englobant le rond de présentation, constitue un vaste espace libre pouvant accueillir tout type de manifestation. Son sol, largement contaminé par le végétal, reprend le thème plus rural des aires de battage du blé en se pavant d’un hérisson de pierre aux larges joints enherbés. Il constitue alors le prolongement naturel de la prairie du champ de course venant butter sur la faille rocheuse.
L'horizon aqueux
Reprenant le thème de l’histoire de l’irrigation du site et des dayas de ce territoire, différents points d’eau s’installe sur et sous l’affleurement rocheux.
La réserve existante sur la grande esplanade parking est intégrée au dessin de la place d’entrée du site. Sa forme circulaire est noyée dans un bassin reprenant le principe de plaque. Sa margelle arasée en dessous du niveau de l’eau du nouveau bassin, laisse entrevoir les traces de cet ancien ouvrage ayant perdu sa fonction depuis l’arrêt de l’approvisionnement par la source de Aïn Atig. Le nouveau bassin, récupérant les eaux de pluie de la place d’entrée, reprend une fonction de réserve d’eau pour l’arrosage du site tout en s’intégrant de manière esthétique au nouvel aménagement. Mi réserve mi abreuvoir, le niveau fluctuant de l’eau suivant les saisons pourrait permettre de laisser ressurgir à certaines périodes les traces de l’ancienne réserve tout en modifiant la géométrie d’occupation de cette place.
Dans le même esprit de présence forte de l’eau, des « dayas minérales » s’installent sous la plaque rocheuse au niveau des écuries (constituant de confortable abreuvoir), sur le rond de présentation et vers les bureaux de l’administration.
Leur sol en hérisson de pierre prolonge le calepinage de l’esplanade basse sous forme de dépression du sol.