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Centre National de Football - RABAT

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Maitrise d’ouvrage - DEP

(Direction de l’Equipement Public)

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Surface - 35 ha

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Montant travaux -  50 M Dirhams

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Equipe - BENABDALLAH Chakib

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Etudes - 2016-217

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Réalisation - 2018-2019

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Crédit photo - 

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La lisière de la forêt de la Maamora comme genèse du projet

 

Une membrane verte

Situé en bordure de la forêt de la Maamora sur le plateau de Salé, le terrain marque clairement la limite entre le boisement et le plateau urbanisé. Le projet propose de reconstituer cette lisière avec des espèces endémiques caractéristiques, Quercus suber (Chêne liège), Arbutus unedo (Arbousier), et de la densifier par un reboisement progressif pour qu’elle constitue à terme une réserve écologique de première importance pour le territoire de Rabat.

Un milieu naturel riche –la suberaie, le matorral et les dayas

Le site occupe l’aire d’installation septentrionale de la suberaie, forêt de chêne-liège (Quercus suber) survivante des époques humides des ères quaternaire et tertiaire, dont la Maamora constitue le plus grand reliquat de forêt d’un seul tenant du monde. La pression anthropique (surpâturage, gaulage, émondage, coupes de carbonisations, urbanisation) a complètement bouleversé son équilibre écologique. Le manque de régénération naturelle, la simplification de l’écosystème suite au recul du sous-bois, les blessures survenues au cours des opérations de récolte de liège, ont affaibli les arbres. Dans la plaine relativement chaude et sèche de Rabat la suberaie est peu dense. Dans les clairières apparaissent des matorrals de dégradation qui sont dominés par les Cistacées et les Ericacées.

L’un des traits écologiques fondamentaux de cette forêt est qu’elle est parsemée de dayas, mares d’eau éphémères au fond argileux, qui collectent les eaux de pluie et se retrouvent généralement sèches durant l’été. Ces espaces saturés d’eau abritent des phytocénoses composées d’hygrophiles et d’hydrophytes, de petits et de grands gazons amphibies, de fougères aquatiques. Les dayas abritent également un riche microcosme composé de formes aquatiques de Coléoptères et d’Hétéroptères, d’Annélides achètes (sangsues), de Crustacés et de Mollusques (Planorbes et Limnées parmi les Gastéropodes, ainsi que certains Lamellibranches). C’est un milieu irremplaçable pour la reproduction et le développement des premiers stades de certains Invertébrés (notamment les Odonates) et le vivier naturel d’Amphibiens (tels le Pleurodèle de Waltl, le Pélobate marocain et les Bufonidae) et de Reptiles (Tortues Emydidae). 

 

 

Principes d’aménagement

 

Le reboisement progressif

Le principe d’aménagement consiste à retrouver un horizon boisé dense sur le pourtour du site. Dans un premier temps un sol fertile capable de laisser se développer une flore dense est réinstallé. Cet horizon fertile est composé de terre végétale d’apport et du site, largement amendée et recomposée progressivement à partir de compost notamment. Une strate végétale en trame dense de plants d’arbres permettra d’obtenir à terme un épais couvert arboré sous lequel sera installée une strate arbustive, propice à l’installation de la faune. 

La daya et l’avifaune

Elément indispensable de la chaîne alimentaire de l’avifaune, les dayas sont réinterprétées sous la forme d’une grande pièce d’eau en fond de perspective du site. Sa colonisation se fera rapidement grâce aux plantes aquatiques plantés et rapportés par les oiseaux. La couche d’étanchéité de cette pièce d’eau est réalisée en argile provenant de la vallée du Bouregreg. Elle nécessite peu d’entretien et son niveau d’eau peut varier suivant les saisons. Cette daya reconstituée permet d’aménager une chaîne de bassins de traitement par phytorestauration, dans laquelle les eaux du site circuleront de manière douce et seront traitées naturellement par les plantes aquatiques. La Daya servira également de bâche d’arrosage pour l’irrigation de l’ensemble du site. Elément technique, elle participe à l’aménagement paysager global en devenant un vrai jardin d’eau.

 

Le mail central – une pinède linéaire

La colonne vertébral du site est une allée existante orientée Ouest-Est qui dessert actuellement les terrains de foot. Elle est mise en valeur dans le projet par la composition d’un mail de 8 mètres de large recouvert par 2 alignements de Pins parasol (Pinus pinea). Cette espèce, caractéristique des alignements urbains sur le pourtour méditerranéen, est parfaitement adapté au climat et permettra d’avoir à terme un ombrage homogène sur cette vaste allée piétonne.

Bordé à l’Ouest par la Daya, le mail se prolonge à l’Est jusqu’à l’entrée du site pour devenir son axe principal sur une longueur de plus de 750 mètres. Il met en relation les piétons circulant des parkings vers les différents bâtiments. Le feuillage d’épines vertes foncées des Pins parasol créé un contraste avec le feuillage vert gris des Chênes liège, marquant ainsi la grande dimension du site.

Ce mail est entièrement revêtu de stabilisé, sol caractéristique des parcs, facile d’entretien et praticable par les véhicules de service. Un muret en gabions de 50 cm de haut le borde côtés Sud et Nord. Il marque clairement la limite entre les jardins de bâtiment et le mail, tout en se transformant sur certaines sections en mur de soutènement ou en gradins pour les terrains en contrebas. Le principe de nivellement de ce mail est de garder un plein jalon (une pente constante) entre le terrain le plus bas à l’Ouest (115 m) et le terrain le plus haut à l’Est (131 m) afin de mettre en valeur la perspective et la profondeur du site. Il traverse alors certaines parties du parc, en surplomb, surélevé au dessus d’un des terrains de foot existant et du futur terrain couvert. Un jeu d’emmarchements permet de relier les niveaux afin de desservir ces terrains. 

On retrouve, sur la voie Nord et l’allée Sud, le même principe d’alignements de Pins parasol et de murets en gabions qui mettent également en valeur l’immensité du site, tout en marquant la césure avec le milieu plus « naturel » de la lisière.

Une circulation automobile rejetée sur le pourtour – un site totalement piéton

Le grand rond-point de l’entrée distribue les flux automobiles vers les différentes installations tout en limitant leur présence dans le périmètre du site.

Côté Nord, un vaste boulingrin met en valeur la perspective sur le Grand Hôtel et les Chênes existants. Il est bordé de part et d’autre par une voie à sens unique menant au parvis et au parking de l’hôtel. Ce parking dessert aussi de manière efficace le bâtiment administratif et l’hébergement U23. La voie Nord part du parking de l’hôtel et dessert les terrains de foot. Un parking longitudinal pour 10 bus est masqué à l’arrière de l’alignement de Pins parasol. Cet alignement, installé côté Sud de la voie, produit aussi un ombrage confortable pour cette circulation.

Côté Sud, la voie Nord-Sud longe le centre technique d’entretien avant de bifurquer sur un axe Est-Ouest (la voie Sud) marquant le périmètre du site. De là, on accède au parking dédié au centre de restauration, à l’hébergement U17 et au bâtiment goal. Implanté au plus prêt de ces bâtiments, le parking les dessert de manière efficace tout en limitant les croisements avec les circulations piétonnes. Ce parking est relié au Grand Mail par un prolongement piéton.

La voie Sud se termine par un rond-point dimensionné pour les bus, qui est complété par des stationnements bus et automobiles. Ce parking dessert efficacement les terrains de foot et leur vestiaire ainsi que le centre médicosportif.

Libéré des circulations automobiles, le site acquiert un caractère piéton propice à la quiétude et à l’entrainement sans pollution sonore ni olfactive.

 

Un grand boulingrin sur la perspective du Grand Hôtel

Le boulingrin, de l’anglais bowling-green (pelouse du jeu de boules), est une pelouse légèrement en décaissé caractéristique des parcs. Largement utilisé pour mettre en valeur les perspectives de château, il est ici réinterprété sous la forme d’une grande pelouse ponctuée des Chênes liège existants. Il ouvre la vue sur le Grand Hôtel depuis le rond-point de l’entrée et permet un premier repérage aisé du site par les visiteurs.

Ce boulingrin est bordé de part et d’autre par des alignements de Cyprès d’Italie (Cupressus sempervirens) dont le port colonnaire apporte une certaine monumentalité au site. Caractéristique des jardins méditerranéens, le Cyprès d’Italie est un arbre noble mettant en valeur les plus belles allées de parcs : jardins de l’Alhambra à Grenade en Espagne, jardin du Rayol à Hyères en France, parc Boboli à Florence en Italie,… Quelques beaux sujets existants ponctuent le site (sur l’entrée de l’ancien hébergement et près de l’ancienne piscine et du château d’eau). Le rond-point de l’entrée qui s’insère entre les chênes excitants est également cerclé par un alignement de Cyprès, une grande pelouse en recouvre le terre-plein central.

 

La Grande Esplanade 

Située dans le prolongement du rond-point d’entrée, la Grande Esplanade permet d’accueillir les manifestations temporaires sous le couvert des Chênes liège existants. Recouverte de stabilisé, elle est adaptée pour l’installation ponctuelle d’équipements et peut servir de parking complémentaire en cas de forte affluence. Sa situation, à l’écart des hébergements qui nécessitent plus de calme, lui permet également de servir pour la détente en intégrant un terrain de basquet, des tables de ping-pong et des aires de jeux de boules.

Une place dédiée aux rencontres des sportifs

Située à l’intersection des allées desservant le bâtiment administratif - le centre de restauration, le bâtiment goal et le centre médicosportif - cette place constitue le lieu de vie du site. Les arbres existants (Chênes liège et Saules pleureurs) y sont mis en valeur dans un calepinage circulaire rassemblant les différents bâtiments. Une alternance de minéral et de parterres en gazon permet différentes formes d’appropriation par les sportifs. Lieu de rencontre, elle pourra devenir une terrasse du centre de restauration ou un « salon » d’accueil des visiteurs grâce à l’installation de fauteuils déplaçables qui pourront être rassemblés pour créer une zone de débriefing après une séance d’entrainement ou utilisés solitairement pour une sieste sous l’ombre d’un grand arbre.

 

Un parcours sportif aux multiples promenades

Nécessaire à l’entraînement des sportifs, ce parcours est dessiné dans la lisière du parc. Afin de multiplier les parcours, différentes boucles s’entrecroisent et permettent de choisir la distance en fonction de son programme d’entraînement en même temps que d’éviter la monotonie et de profiter au maximum de l’ensemble du site. 

Une palette minérale « écologique » et un assainissement aérien

L’ensemble des circulations automobiles est revêtu d’un béton désactivé beige, composé de granulats locaux. La teinte « claire » de ce béton limite l’effet d’ilot de chaleur et rapproche esthétiquement ces circulations du stabilisé beige des circulations piétonnes. Matériau de prédilection des parcs pour sa facilité d’entretien et sa perméabilité, le stabilisé permet de laisser percoler 70% des eaux de ruissellement lors des épisodes pluvieux. Le système de drainage en est alors d’autant allégé.

Afin de limiter le réseau enterré d’assainissement, l’ensemble des eaux ruisselantes sur les surfaces extérieures (allées, voies, parkings, places) sont récoltées dans un réseau aérien composé de noues et de bassins de rétentions de secteurs. Les eaux n’ayant pas percolées en place sont acheminées vers la Daya afin de participer à l’arrosage du site. Les eaux drainées sous les terrains de football sont récupérées et évacuées, elles aussi, vers la Daya. 

Les allées seront limitées par des bordures en béton préfabriqué de 10 cm pour les petites largeurs et de 20 cm pour les grandes largeurs (mail central). Certains lieux piétons seront anoblis par la mise en place d’un béton désactivé (la Place des sportifs, le parvis du bâtiment administratif, le parvis de l’hébergement U17). Le mobilier urbain, corbeilles, bancs, fauteuils, bornes de délimitation, bornes vélos et luminaires sont en acier corten, une couleur foncée permet leur effacement dans le jardin tout en limitant leur entretien.

 

Une palette végétale économe

Imaginée pour compléter le milieu existant et limiter les besoins en arrosage, la palette végétale est composée de végétaux méditerranéens.

La strate arborée est composée de Chêne liège (Quercus suber), d’Arbousier (Arbutus unedo), de Texas madrone (Arbutus xalapensis) dans la forêt et la lisière. La couleur de leur écorce se rapproche d’un ocre rouge qui rappelle les troncs dénudés des Chênes liège après la récolte.

Dans les jardins, à l’intérieur de la clairière formée par la lisière dense, les grands sujets de Chênes liège sont accompagnés de Grevillea robusta (espèce déjà présente sur le site) mariés avec des Pins d’Alep (Pinus halepensis). Les grands alignements sont composés de Pins parasol (Pinus pinea) et de Cyprès d’Italie (Cupressus sempervirens).

Une strate arbustive de forêt sclérophylle (forêt sèche méditerranéenne) s’installe sous le couvert arboré pour former les haies. Elle est composée de Cosprosma repens, Dodonea viscosa, Duranta repens, Myrthus communis, Myoporum laetum et Schinus terebenthifolium, toutes ces espèces étant parfaitement adaptées au climat local.

Une strate herbacée de vivaces forment des mixed-borders (parterres fleuris) pour agrémenter les jardins des différents bâtiments. 

Les gazons (consommateurs en eau) seront limités aux lieux d’exception (rond-point d’entrée, grand boulingrin, place des sportifs) tandis qu’une prairie (matorral) recouvre la majorité des grandes surfaces à traiter afin de réduire les besoins en eau et l’entretien.

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